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Monseigneur Louis-Gaston de Ségur
Causeries sur le Protestantisme d'Aujourd'hui
version pdf google 22ème édition 1870 => 265 pages
PREMIERE PARTIE--DEUXIEME PARTIE--TROISIEME PARTIE
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TROISIEME PARTIE
Chapitre 1. Ce qui empêche les protestants honnêtes de se faire catholiques : l'ignorance des enseignements de l'Eglise catholique p.146
Chapitre 2. Des adorations idolatriques que les protestants reprochent aux catholiques p.148
Chapitre 3. Un mot sur les brochures et les pamphlets protestants p.151
Chapitre 4. Comme quoi certains pamphlétaires protestants auraient grand besoin de s'instruire dans l'art de vérifier les dates p.153
Chapitre 5. La tolérance protestante p.153
Chapitre 6. L'intolérance catholique p.164
Chapitre 7. L'Inquisition, la Saint-Barthélémy, les Dragonnades des Cévennes p.1
Chapitre 8. Les martyrs protestants p.172
Chapitre 9. Un exemple de la modération protestante p.1
Chapitre 10. Le marché des âmes p.1
Chapitre 11. La religion d'argent  p.1
Chapitre 12. Une preuve d'un nouveau genre en faveur du protestantisme p.1
Chapitre 13. Comment les protestants se conduisent à l'égard de la Mère de Dieu p.1
Chapitre 13. Combien le protestantisme est désolant p.1
Chapitre 14. Le jugement de la mort p.1
Chapitre 15. Le protestantisme et l'incrédulité p.1
Chapitre 16. Le protestantisme et la révolution p.2
 

TROISIEME PARTIE

Chapitre 1 : Ce qui empêche les protestants honnêtes de se faire catholiques : l'ignorance des enseignements de l'Eglise catholique

L’ignorance des enseignements de l'Eglise catholique, voilà ce qui empêche la conversion de la plupart des protestants de bonne foi.

Leurs préjugés anticatholiques sont quasi invincibles; ces préjugés sont d'autant plus forts qu'ils sont sucés avec le lait, développés par toute l'éducation, et jamais raisonnés. C'est de la meilleure foi du monde que ces protestants regardent l’Eglise catholique comme une école de superstitions surannées, son autorité sainte comme une tyrannie et une usurpation purement humaine, ses prêtres comme des fourbes qui abusent le peuple, ses enfants comme des imbéciles qui croient aveuglément tout ce qu'on leur dit.

Le grand Bossuet, après ses controverses avec les plus célèbres ministres de son temps, s'était convaincu que le plus sérieux, pour ne pas dire le seul obstacle à la conversion des protestants honnêtes, c'était leur ignorance. Il composa, sous l'impression de cette pensée, sa fameuse Exposition de la doctrine catholique, qui confondit tous les ministres et tous les prédicants. Stupéfaits de voir si simples, si lumineux, si grands, des dogmes qu'ils attaquaient comme ridicules et superstitieux, ils accusèrent Bossuet d'avoir déguisé, pour les besoins de sa cause, l'enseignement catholique. Celui-ci soumit immédiatement son Exposition à l'examen du Souverain Pontife et de presque tous les Evêques de France, et il en publia une seconde édition, revêtue de l'approbation authentique du Saint-Siège, à laquelle venaient se joindre quarante ou cinquante adhésions épiscopales. Il n'en fallut pas davantage pour ramener à l'Eglise le fameux Turenne, jusqu'alors protestant, le marquis de Dangeau, petit-fils de ce Duplessis-Mornay qu'on avait surnommé le Pape des Huguenots et avec eux une foule de personnages de distinction.

L'ignorance des protestants au sujet de l'enseignement catholique dépasse toute espèce de bornes.
N'affirment-ils pas presque tous
que nous adorons la sainte Vierge,
que nous la regardons comme une déesse et que nous lui attribuons la toute-puissance divine ?
N'en est-il pas, et beaucoup, qui nous accusent également
d’adorer le Pape,
de vendre le corps et le sang du Christ,
d'avoir un tarif pour l’absolution des péchés,
et d'admettre d'autres absurdités que l'on devrait rougir d’imputer à des hommes raisonnables et instruits ?

Le meilleur livre à mettre entre les mains d'un protestant, c'est celui que nous mettons entre les mains de nos petits enfants : le Catéchisme catholique.
 


Chapitre 2 : Des adorations idolâtriques que les protestants reprochent aux catholiques.
 

« Les catholiques adorent la créature au lieu et place du Créateur. » — C'est là un reproche familier, un reproche qui revient sans cesse dans les chaires protestantes, dans les pamphlets et les journaux de des pasteurs. On a beau leur dire et leur redire que les catholiques n'adorent que Dieu seul, rien n'y fait, et nous sommes à leurs yeux bien et dûment convaincus d'être des idolâtres ni plus ni moins que les Hottentots (Afrique), et les Cochinchinois (Asie).

Répétons-le cependant une fois encore. Nous adorons Dieu et Dieu tout seul. Nous adorons Notre-Seigneur Jésus-Christ, parce qu'il est Dieu ; nous n'adorons ni la Vierge Marie ni les Saints, nous les honorons, nous les vénérons, nous leur rendons ce qui est dû à la Mère et aux amis fidèles de Notre-Seigneur et Roi. Nous leur demandons de prier pour nous, parce que leurs prières sont plus saintes et plus agréables à Dieu que les nôtres. Quoi de plus simple ? Il faut vraiment avoir l'esprit bien mal fait pour trouver là de quoi lancer l’anathème contre l'Eglise catholique.

Quant à l'accusation que quelques protestants encore plus ignorants ou plus malveillants nous adressent parfois d'adorer le Pape, elle est par trop extravagante et ne mérite pas de réponse.

Ils veulent à toute force voir une adoration dans toutes nos génuflexions.
Cela n'a pas de bon sens. Nous nous mettons à genoux pour que l'humble et religieuse posture de notre corps, influant sur l'âme, la dispose à une prière plus recueillie et à une religion plus profonde qui ne sait l'influence extraordinaire du corps sur l'esprit ?

Il est en outre tout naturel qu'un cœur pénétré de respect, d'humilité et de pénitence, pousse le corps à s'abaisser à sa manière et à participer ainsi au culte de l'esprit.

C'est pour cela que nous aimons à nous agenouiller, non-seulement devant Notre-Seigneur Jésus-Christ, pour l'adorer et le prier, mais encore aux pieds de sa Très-Sainte Mère que nous vénérons, devant les reliques des martyrs et des saints, devant les images sacrées de la croix. Dieu défend en sa loi, non de vénérer les saintes images, mais de les adorer (Les protestants ont toujours à la bouche le texte de Moïse : Tu n’auras pas d'images taillées ; mais il est très-rare qu'ils ajoutent la fin du commandement : pour les adorer. Nous ne les adorons pas plus que les Israélites n'adoraient les deux grands chérubins d'or massif que Moïse, par ordre de Dieu même, avait placés aux côtés de l'arche d'alliance.).  Quel est le catholique qui adore et confond avec Dieu une image de Marie, un crucifix, une relique ?

« Agenouillons-nous donc avec un humble amour devant les objets vénérés du vrai culte du vrai Dieu ; et non-seulement devant ces objets sacrés, mais encore aux pieds du Vicaire de Jésus-Christ, aux pieds de nos Evêques, aux pieds des prêtres de Dieu, afin de recevoir leur sainte bénédiction qui n'est pas la bénédiction de l'homme, mais celle de Jésus qui réside en eux et qui, par eux bénit, éclaire et sanctifie le monde.
 


Chapitre 3 : Un mot sur les brochures et les pamphlets protestants.

Les petites brochures dont les Sociétés bibliques nous inondent sont de deux espèces : les unes, et c'est le plus grand nombre, sont d'insignifiantes histoires, d'une religiosité fade et pâteuse, où l'on voit invariablement des gens qui se convertissent à la seule vue de la Bible, et des bonnes femmes qui meurent saintement, sans confession, sans sacrements, sans prêtre; c'est toujours un pasteur vertueux, tolérant, au langage doux et biblique; une dame pieuse, toute zélée pour l'Evangile, parcourant les chaumières en consolant les pauvres et leur lisant la Bible. Dans ces petits traités, l’Eglise catholique
n’est pas attaquée de front ; leur danger et tout négatif, et consiste à fausser les idées des lecteurs en présentant à leur admiration et à leur imitation des exemples d'une religion tout opposée au christianisme véritable. Le silence même qu'on y garde à l'égard de l'Eglise catholique est une attaque perfide ; ce silence calculé, qu'on fait passer pour de la modération, est hostile et non pas pacifique ; il tend à apprendre aux gens à se passer de l'Eglise et à la laisser en dehors de la vie commune. Très-heureusement ces histoires sont fort mal écrites et mortellement ennuyeuses, ce dont il faut louer Dieu.

Les brochures de la seconde espèce, que l'on distribue avec discernement, attaque de front la sainte Eglise ; ce ne sont le plus souvent que de violentes diatribes contre ce que la religion a de vénérable et de sacré. Ce sont des calomnies impudentes contre le clergé catholique ; des blasphèmes contre la Mère du Sauveur, et des mensonges si grossiers et si odieux qu'il est impossible de les attribuer à la seule ignorance (Les plus agressifs de ces pamphlets sont ceux des pasteurs Puaux et Roussel).

Quelquefois, ainsi que Mgr. l'évêque de Strasbourg le dénonçait solennellement dans un mandement récemment publié, ces brochures portent un titre catholique et sont ornées, pour mieux tromper les simples, de l’image de la sainte Vierge.

La distribution de ces libelles est pour les protestants une œuvre pie, que les sectes divisées semblent faire en commun. Elle prend chaque année de nouveaux développements (En 1856, une seule Société protestante, celle dite des Traités religieux, de Paris, a édité un million vingt-huit mille de ces brochures ; en 1857, un million cinq cent mille. Une autre Société qui a son siège à Toulouse,- se vantait, dans ses comptes rendus de 1856, d'avoir répandu plus de vingt-deux millions de ces livres depuis sa fondation) : l'ancien colportage, qui voyageait jadis à pas lents, chargé de sa balle, s'est transformé et multiplié. Le beau sexe protestant prend une part de plus en plus active au colportage ; les wagons se remplissent d’évangélistes en jupons. Bourrant leurs poches, leurs sacs à ouvrage, leurs caisses à chapeaux, de ces brochures composées par leurs ministres respectifs, ces dames partent pour la croisade, déterminées à détruire l'empire de la superstition. Elles offrent leurs petits papiers, elles les distribuent, elles les lancent, elles les imposent, elles les déposent; elles les glissent entre les jalousies, elles les fourrent sous les portes, elles les accrochent avec des épingles aux haies des chemins et aux arbres des grandes routes.

Cette manière d'apostolat n'est pas nouvelle; Luther ne la dédaignait pas. Au libelle diffamatoire qu'il fabriquait de verve et en maître, son génie non moins astucieux que brutal ajoutait la caricature. Son disciple chéri, Melanchthon, l'assistait en cette lâche besogne où tous deux prenaient un grand soin. Ces libelles et ces caricatures de si sainte origine étaient d'une obscénité révoltante. Quoique certains côtés scabreux sur lesquels Luther appuyait par une pente naturelle soient plus gazés dans les brochures qu'on distribue de nos jours, nous aimons à croire cependant que les pieuses voyageuses qui les placent avec tant d'acharnement ne les lisent pas toutes.

A ces productions de l'hérésie opposons les bonnes lectures, et que l'ardeur protestante tourne à la gloire de Dieu en ranimant notre zèle pour la diffusion des livres catholiques.


Chapitre 4 : Comme quoi certains pamphlétaires protestants auraient
grand besoin de s’instruire dans l’art de vérifier les dates.
 

Parmi les pamphlets qui attaquent ouvertement le catholicisme, il en est certains où l’on prétend confondre à tout jamais l’Eglise catholique en la convainquant d’innovation et en citant la date précise, absolument véridique , de l’INVENTION  de chacun des dogmes qu’elle enseigne.

La tactique ne serait vraiment pas maladroite si les savants ministres, auteurs de ces petits écrits, se donnaient la peine de s’entendre avant de les publier. Faute de cela, ils s’exposent grandement à se contredire l’un à l’autre, ce qui nuit à l’effet qu’ils se proposent. Les dates qu’ils indiquent étant, de part et
d’autre, prises ordinairement au hasard, ce serait un vrai miracle qu’elles se rencontrassent ainsi à point nommé. J’ai sous la main deux de ces chronologies : l’une, publiée en Angleterre (Belington et Bulton Hernoastle),  a pour titre : Dates des additions des nouvelles doctrines par l’Eglise de Rome ; l’autre, éditée à Angers en 1846, par le facétieux pasteur Puaux, est intitulé : Extraits de naissance.

Or, voyez l’accord parfait de ces deux historiens de bonne foi.

Dates fabriquées par l’anonyme anglais.
Invocation des Saints inventée en 700
Suprématie du Pape,                    1215
Livres apocryphes,                      1547
Les sept Sacrements,                   1547

Dates fabriquées par le révérend pasteur Puaux.
Culte de Saints, inventé en            875
Primauté du Pape,                         600
Livres apocryphes,                      1564
Les sept Sacrements,                   1160
 

Et ainsi de suite. L’iniquité s’est mentie à elle même.

En dehors de la chronologie Puaux, il est certaines dates que les protestants assignent avec assez d’uniformité à la prétendue invention de quelques-uns de nos dogmes ou de quelques-unes de nos pratiques religieuses.

Ainsi, pour la confession, qui a toujours été leur cauchemar, ils fixent triomphalement l’année 1215, et, tout récemment, pour l’Immaculé Conception, l’année 1854 ; ils nous présentent ces dates avec des airs vainqueurs, et nous crient : « C’est ainsi que se font vos dogmes ! »

Il n’y a rien de plus borné et en même temps de plus impertinent que la demi-science. Les protestants vraiment instruits se gardent bien d’avancer de pareilles inepties ; ils savent comme nous qu’en 1215 le Pape Innocent III, au Concile de Latran, n’a fait que régler l’usage annuel du Sacrement de Pénitence institué par Notre-Seigneur et pratiqué depuis l’origine de l’Eglise ;

ils savent qu’au 8 décembre 1854, le Souverain Pontife Pie IX n’a pas le moins du monde inventé la doctrine que la Mère de Dieu a été exempte du péché originel, mais qu’il a simplement proclamé et rendu obligatoire pour tous l’antique doctrine de l’Eglise à ce sujet. Avant cette proclamation, le dogme de l’Immaculée Conception existait comme il existe maintenant, puisqu’on en célébrait la fête dans toute la catholicité depuis des temps immémoriaux ; seulement il n’avait pas été défini officiellement, et l’on pouvait sans devenir hérétique, se tromper sur ce point de doctrine comme ont fait plusieurs grands esprits et même des saints, qui cependant professaient pour la Vierge Marie un amour ardent et profond.

Dire que Pie IX a inventé le dogme de l’Immaculée Conception et Innocent III celui de la Confession, c’est comme si l’on disait que le Concile de Nicée a inventé le dogme de la Trinité et celui de la Divinité du Verbe, lorsque en 325 il a défini contre les Ariens ces deux grandes vérités. Avant le Concile de Nicée l’Eglise croyait à la Trinité et à l’Incarnation, comme avant le Concile de Latran, elle professait et pratiquait le Sacrement de Pénitence ; comme avant le 8 décembre 1984, elle croyait et honorait l’Immaculée Conception de la Mère du Seigneur.

Les dogmes catholiques sont la vérité religieuse. Or, la vérité ne se fait pas, elle existe éternelle et immuable. L’Eglise en est dépositaire, et, guidée par son divin chef qui est Notre-Seigneur, elle en proclame les enseignements à mesure que des novateurs osent les nier, ou bien quand elle le croit utile pour la sanctification de ses enfants.
 
 


Chapitre 5 : La tolérance protestante.
 

Parmi les préjugés qui courent le monde, il en est un assez répandu, non-seulement dans les rangs du protestantisme, mais aussi chez certains demi-catholiques. « Si la Réforme a fait du mal, dit-on, si elle a fait couler beaucoup de sang et démoralisé des pays entiers, du moins a-t-elle apporté au monde un bien inappréciable : la tolérance religieuse »

Or, il n'est rien de plus faux et de moins fondé que ce préjugé historique. Partout où il est le maître, le protestantisme est intolérant et persécuteur. Sans doute, il ne l'est pas partout au même degré ; mais d'où cela vient-il ? de ce qu'il n'a pas partout le même degré de puissance. Pour persécuter, il ne suffît pas de vouloir, il faut pouvoir. Le protestantisme, heureusement, ne peut pas toujours ce qu'il veut ; mais toujours, qu’on lui rende cette justice, en fait d'intolérance, il fait ce qu'il peut.

Partout où la Réforme s’est introduite, elle l'a fait violemment, et ses premiers fruits en Allemagne, à Genève, en Angleterre, en Suède, ont été invariablement la guerre civile, les proscriptions et les meurtres. C'est tout simple : la Réforme est une révolution, et tout révolutionnaire est tyrannique de sa nature.

Une fois établi, le protestantisme s'est maintenu par les mêmes violences. Chacun sait ce qu'est le protestantisme anglais vis-à-vis des catholiques, quelles sanglantes lois il a portées et exécutées, et avec quel despotisme féroce il écrase en ce moment encore la fidèle et malheureuse Irlande.

Un célèbre historien anglais protestant William Cobbet, a été forcé par sa conscience de rendre, contre l'Eglise nationale, cet écrasant témoignage :
« Cette Eglise, dit-il, la plus intolérante qui ait existé, se montra au monde armée de couteaux, de haches et d'instruments de supplice ; ses premiers pas furent marqués du sang de ses innombrables victimes, tandis que ses bras ployaient sous le poids de leurs dépouilles. » Il rapporte des actes officiels du Parlement constatant que, par suite des bûchers et des échafauds dressés contre les catholiques, la population de l'Angleterre fut décimée en moins de six ans.
PEINE DE MORT était prononcée et impitoyablement exécutée contre tout prêtre catholique qui entrait dans le royaume, ou qui était convaincu d'avoir célébré la Messe ;
PEINE DE MORT contre quiconque osait donner asile à un prêtre ;
PEINE DE MORT contre quiconque refusait de reconnaître que la reine Elizabeth était le chef de l'Eglise de Jésus-Christ.
Une forte amende était prononcée contre tout citoyen qui n'assistait pas aux offices protestants, et «la liste des personnes mises à mort pour le seul crime de catholicisme, pendant le règne d'Elisabeth, formerait, ajoute l'historien protestant, une liste dix fois plus longue que celle de notre armée et de
notre marine réunies ».

L'Eglise d'Angleterre n'a pas changé ; elle a gardé le même caractère depuis le jour de son établissement jusqu’à présent ; en Irlande, ses atrocités ont surpassé celles de Mahomet, et il faudrait un volume pour rapporter ses actes d'intolérance (Lettre de sir William Cobbet à lord Tenderden, chef de la justice d'Angleterre, qui avait en plein Parlement vanté la tolérance du protestantisme anglais)

C'est de la même manière que le calvinisme a tenté de s'introduire en France. Pendant plus d'un siècle, l'histoire de notre patrie ne retentit que de révoltes, de séditions et de pillages commis par les huguenots, partout où pénétrait leur doctrine. Toute cette période n'est qu'un tissu de désordres, de perfidies, de cruautés ! Et il n'y a point lieu de s'en étonner, puisque Calvin prêchait hautement qu'il fallait jeter à bas les rois et les princes qui ne voulaient pas embrasser le protestantisme, et leur cracher au visage plutôt que de leur obéir. Sous les ordres de Coligny les calvinistes révolutionnaires formèrent le projet d'enlever dans son palais le roi de France encore enfant ; ayant manqué leur coup ils s'emparèrent d'Orléans, dévastèrent les bords de la Loire, la Normandie, l'Ile-de- France, et particulièrement le Languedoc, où ils commirent les cruautés et les profanations les plus odieuses. A Montauban, à Castres, à Béziers, à Nîmes, à Montpellier, ces grands prôneurs de la tolérance et de la liberté de conscience interdirent, sous les peines les plus rigoureuses, tout exercice du culte catholique. Tout le monde connaît ce fameux baron des Adrets, chef calviniste, qui ayant pris Montbrison, se donna l'innocent plaisir de faire sauter du haut d'une tour ce qui restait de la garnison faite prisonnière. « Or, tel est à peu près le traitement que les protestants firent subir à toutes les villes qui tombèrent en leur pouvoir : églises profanées, vol de vases sacrés, prêtres et religieux chassés ou tués, atrocités les plus barbares jointes aux sacrilèges les plus abominables. Ce sont là des faits historiques que personne ne conteste, pas même les protestants, qui laissent quelquefois imprudemment échapper des vœux pour le retour de ces temps heureux du protestantisme français.

On ne saurait lire, sans frissonner d’horreur, les atrocités commises par les Hollandais pour étendre le protestantisme dans les Pays-Bas, et particulièrement les tortures et les supplices auxquels eut recours le zèle religieux des envoyés du prince d'Orange, Lamark et Sonoi. Ce dernier était passé maître dans l'art de tourmenter les corps pour perdre les âmes. Voici la description qu'une plume protestante et hollandaise nous a laissée des moyens employés par ce «tigre pour martyriser les catholiques fidèles à leur religion: «  Les procédés ordinaires de la torture la plus cruelle, écrit Kerroux, ne furent que les moindres tourments qu'on fît endurer à ces innocents. Leurs membres disloqués, leur corps mis en lambeaux par les coups de verges, étaient ensuite enveloppas dans des linges trempés d'eau-de-vie auxquels on mettait le feu, et on les laissait dans cet état jusqu'à ce que leur chair noircie et ridée laissât voir à nu les nerfs sur toutes les parties du corps. Souvent on employait jusqu'à une demi-livre de souffre pour leur brûler les aisselles et les plantes des pieds. Ainsi « martyrisés, on les laissait plusieurs nuits de suite étendus sur la terre sans couverture, et à force de coups, on chassait loin d'eux le sommeil. Pour toute nourriture, on leur donnait des harengs et d'autres aliments de cette espèce propres à allumer dans leurs entrailles une soif dévorante, sans leur accorder seulement un verre d'eau, quelque supplice qu'on leur fit endurer. On appliquait des frelons sur leur nombril. Il n'était pas rare que Sonoi envoyât au service de cet épouvantable tribunal un certain nombre de rats qu'on plaçait sur la poitrine et sur le ventre de ces infortunés, sous un instrument de pierre ou de bois façonné pour cet usage et recouvert de combustibles. On mettait ensuite le feu à ces combustibles, et on forçait ainsi ces animaux à ronger les chairs de la victime et à se faire un passage jusqu'au cœur et aux entrailles. Puis on cautérisait ces plaies avec des charbons allumés... D'autres horreurs plus dégoûtantes encore furent inventées et mises à exécution avec un sang-froid dont on pourrait à peine trouver des exemples parmi les cannibales, mais la décence nous interdit de continuer (Abrégé de V Histoire de la Hollande, par M. Kerroux, t. Il, p. 310.).
 

Ce que la tolérance protestante a fait en Angleterre, ce qu'elle a voulu faire en France et en Hollande, elle le fait encore aujourd'hui en Suède. Là aussi, la Réforme s'est établie par la violence et par le sang, et les lois religieuses de ce pays ont conservé toute la barbarie que comporte l'esprit de notre siècle. En cette année même où j'écris, six familles viennent d'être condamnées à l'exil et dépouillées de tous leurs biens uniquement pour avoir embrassé la foi catholique. En Norvège, en Danemark, en Prusse, à Genève partout où il domine, le protestantisme se montre l'ennemi acharné et l'aveugle destructeur des catholiques. Ayant là ses coudées franches, il dédaigne tous ces ménagements hypocrites qui lui donnent si souvent chez nous l'apparence de la modération ; il dit hautement ce qu'il veut et ce qu'il espère.

Au Synode protestant de Brème, un pasteur d'Elberfeld, M. Sander,. s'écriait, en parlant du Pape et des religieux de la Compagnie de Jésus : «  Des autorités protestantes ne doivent pas souffrir qu'ils existent, encore moins doivent-elles supporter qu'ils soient libres. »

A Genève, les protestants, jaloux des progrès du catholicisme, ont formé, d'un commun accord, une ligue ou association dans laquelle ils prennent l'engagement : de ne rien acheter des catholiques ; —de ne les employer à aucun travail, et de chercher ainsi à les réduire à la plus complète indigence ; — de faire en sorte; que les protestants obtiennent seuls les charges et les emplois.

Et tout cela se fait par des hommes qui réclament avec indignation la liberté et l'égalité des cultes dans les pays où ils forment une imperceptible minorité, par des hommes qui ne parlent que de liberté de conscience, de charité chrétienne, de religion, de paix et d'amour ; par des hommes qui ne croient plus en Jésus-Christ, et chez qui on est libre d'être incrédule, panthéiste, athée, mais non point catholique !
 


Chapitre 6 : L'intolérance catholique.
 

Nous avons vu ce qu'il faut penser de la prétendue tolérance des protestants; voyons maintenant ce qu'il en est de l'accusation banale d'intolérance que certaines gens portent contre l'Eglise catholique. Cette accusation renferme une vérité et un mensonge.

L'Eglise est intolérante en matière de doctrine. Cela est vrai ; non-seulement nous l'avouons, mais nous nous, en faisons gloire. La vérité est intolérante de sa nature. En religion comme en mathématiques, ce qui est vrai est vrai, et ce qui est faux est faux. Impossible de faire le moindre compromis entre la vérité et l'erreur ; impossible à la vérité de faire la moindre concession. Cette concession, quelque minime qu'on la suppose, serait la destruction immédiate de la vérité. Deux et deux font quatre ; cela est, c'est ce qu'on appelle une vérité. Donc, quiconque dira autrement dira une fausseté ; que ce soit en plus ou en moins, l'erreur sera toujours erreur ; que l'on se trompe d'un millième ou d'un millionième, on sera toujours hors de la vérité tant qu'on ne dira pas que deux et deux font quatre.

L'Eglise apporte et conserve dans le monde des vérités aussi certaines que des vérités mathématiques et qui ont des conséquences autrement importantes. Elle enseigne et défend ces vérités avec autant d'intolérance que la science mathématique en met à défendre les siennes. Quoi de plus légitime ? L’Eglise catholique seule, au milieu des différentes sociétés chrétiennes, proclame qu'elle possède la vérité absolue hors de laquelle il n'y a pas de vrai christianisme; seule elle peut être, seule elle doit être intolérante. Seule elle peut et doit dire, comme elle le fait depuis dix-huit siècles dans ses Conciles : « Si quelqu'un pense, enseigne, contrairement à ma doctrine qui est la Vérité, qu'IL SOIT ANATHEME ! »

Mais Notre-Seigneur, qui a confié à l'Eglise le dépôt de la vérité, lui a laissé aussi son esprit de charité et de patience, intolérante pour les doctrines, l'Eglise est miséricordieuse pour les personnes, et jamais elle n'a employé les moyens légitimes de rigueur qu'après avoir tenté toutes les voies de douceur et de persuasion.

Elle n'a jamais frappé qu'à la dernière extrémité, et elle n'a jamais frappé que les incorrigibles. Alors elle a dû le faire pour garantir de la contagion les âmes des fidèles, pour mettre fin à des scandales, et enfin pour remplir le grand devoir de la justice qui n'est pas moins divin que le devoir de la miséricorde.

Dans sa patience aussi bien que dans sa rigueur, dans sa tolérance envers les personnes aussi bien que dans son intolérance à l'égard des doctrines,
l’Eglise catholique imite fidèlement son chef et son Dieu, Notre-Seigneur Jésus-Christ qui est la Vérité même, la Miséricorde et la Justice.

Quant aux mensonges des historiens anticatholiques sur les prétendues barbaries de l'Eglise au moyen âge, ils tombent de plus en plus en discrédit de nos jours devant les travaux consciencieux d'une nouvelle génération d'historiens plus impartiaux que leurs devanciers. « Pour pouvoir vivre, le protestantisme avait été obligé de se faire une histoire à lui, » disait le célèbre historien Aug. Thierry, peu suspect, comme on sait, en faveur de l'Eglise.

Des protestants eux-mêmes, déposant l'esprit de parti, viennent témoigner contre ces vieilles calomnies, ces exagérations coupables, ces perfides insinuations dont les livres d'histoire sont remplis. « Depuis trois siècles, a dit M. de Maistre, l'histoire a été une conspiration permanente contre la vérité. »
 
 


Chapitre 7 : L'Inquisition, la Saint-Barthélemy, les Dragonnades des Cévennes.
 

Quelques mots encore pour terminer cette question de l'intolérance catholique.

Il est certains faits historiques que les protestants ne perdent jamais une occasion de jeter à la face des catholiques pour les convaincre d'intolérance : ce sont l’Inquisition, la Saint Barthélémy, et les Dragonnades des Cévennes.

On a fait là-dessus des romans et des drames, mais les faiseurs de feuilletons et les faiseurs de comédies ne se croient pas tenus de respecter l'histoire et ce n'est pas à eux que s'adressent généralement les gens qui ont du sens commun et qui cherchent la vérité.

1. Qu'est ce donc que cette Inquisition dont on fait, encore de nos jours, un épouvantail si terrible ? Les romans populaires la représentent comme un affreux tribunal, élevé dans tous les pays catholiques, qui torture de pauvres victimes dans de sombres cachots, et qui finit par les mettre à mort sur des bûchers perpétuellement allumés.

L'historien protestant Rancke et le très protestant M. Guizot reconnaissent avec probité que l'inquisition espagnole a été avant tout une institution politique, destinée à sauvegarder l'unité de l'Espagne. Les rois d'Espagne voyaient dans l'hérésie le plus dangereux ennemi de la paix de leur royaume et ils la déclarèrent, à ce titre, crime de lèse-patrie. Ne pouvant juger par eux-mêmes ni par leurs tribunaux civils des questions de paix, ils établirent un tribunal ecclésiastique chargé d'interroger les prévenus et de juger de leur orthodoxie. Les inquisiteurs de la foi faisaient connaître au prince le résultat de leur enquête, et celui-ci faisait alors ce que bon lui semblait.

On peut apprécier diversement l'institution du tribunal de l'Inquisition en Espagne, et il est plus que permis de blâmer les abus et les cruautés dont les passions politiques et le caractère espagnol souillèrent parfois ce tribunal ; mais il est difficile de voir dans le rôle redoutable qu'y joua le clergé autre chose que l’exercice le plus légitime et le plus naturel de l'autorité religieuse. L'examen des questions de la foi n'est-il pas de droit divin du ressort de l'Eglise? et quel homme de bonne foi confondra cette fonction exclusivement religieuse avec l’office du bourreau ?

On voit d'ailleurs que les Papes ont toujours cherché à modérer la rigueur de l'Inquisition espagnole, quoiqu'elle ne relevât d’eux eu aucune manière, étant, comme nous l’avons vu, une institution politique du royaume d'Espagne.

2.  « Mais la Saint-Barthélemy, dira-t-on, ce massacre épouvantable ordonné par l'Eglise catholique et où périrent tant de protestants ? »

La Saint-Barthélemy, bien plus encore que l'Inquisition d'Espagne, est un fait politique. Les protestants s'insurgeaient contre l'autorité légitime, ils avaient tenté de s'emparer du roi, ils formaient dans la nation une nation à part, nation turbulente et révolutionnaire. Le jeune roi Charles IX et l’orgueilleuse Catherine de Médicis, sa mère, étaient menacés dans leur liberté et dans leur vie par la conjuration d'Amboise ; ils se voyaient obligés de fuir devant la conjuration de Meaux. Les chefs du parti protestant devenaient de plus en plus insolents. Poussés à bout par ces violences, la reine voulut se débarrasser des rebelles et fit servir à sa vengeance l'exaltation religieuse surexcitée en France par les fureurs des huguenots. La religion fut donc le prétexte, mais non la vraie cause du massacre de la Saint-Barthélemy. Tous les gens instruits le savent maintenant, pourquoi les écrivains protestants n'ont-ils pas la bonne foi de l'avouer?

« Mais à Rome, ajoute-t-on, le Pape a fait chanter un Te Deum à l'occasion de cet odieux massacre. » — Effectivement, mais le pape Grégoire XIII fut trompé par de faux renseignements. Ayant reçu de la cour de France une dépêche portant que le roi et sa famille venaient d'échapper à une nouvelle conjuration des huguenots et que les auteurs et complices avaient été punis, le Pape alla publiquement remercier Dieu de cet événement. Il ignorait alors les excès déplorables de cette triste nuit, excès que la passion et l'esprit de parti ont du reste étrangement exagérés, puisque dans
toute la France, et malgré le désir de grossir le chiffre des victimes, le Martyrologe protestant imprimé à cette époque, ne put trouver plus de 786 noms pour la France entière. Parce que ces hommes, insurgés contre leur souverain, furent égorgés comme calvinistes, est-ce une raison d'imputer leur mort à l'Eglise catholique ? Tout l'odieux de la Saint-Barthélemy pèse donc et pèse uniquement sur le caractère machiavélique de la politique de Charles IX et de sa mère.

A ce sujet, et sans vouloir en aucune manière excuser ce qui est inexcusable, qu'il me soit permis de faire une remarque importante. Les institutions et les hommes portent toujours le cachet de leur temps. Or, dans les derniers siècles, les mœurs publiques étaient âpres et rudes, et tout se ressentait de cette rudesse, les hommes et les choses, le bien et le mal. En outre, le sentiment religieux dominait tous les autres. La violence de l'agression protestante vint donc se heurter contre une vivacité de foi dont nous n'avons plus même l'idée; et c’est à cela qu'il faut attribuer, en grande partie, le caractère extrême de beaucoup de faits historiques de cette époque.

3. Bien que cette dureté de mœurs commençât à s'adoucir en France, au temps de Louis XIV, elle
produisit encore des effets regrettables, lors de la révocation de l'édit de Nantes. Je ne veux pas ici juger ce grand acte du grand roi; il faut seulement reconnaître que, dans les cruautés exercées contre
les huguenots en certains endroits des Cévennes, les agents et les dragons de Louis XIV outre passèrent de beaucoup les ordres de leur maître et furent les vrais coupables. Irrités de voir les protestants rompre l'unité de la nation, conspirer sourdement avec les puissances étrangères, entretenir de continuelles relations avec l'Angleterre, l'ennemie ainée de la France, Louis XIV voulut purger le pays de ce levain de discorde. Il revendiquait autant les droits de sa couronne que ceux de la religion, et il crut devoir y employer la force. Mais chacun sait combien le clergé de France, et particulièrement Bossuet et Fénelon, tout en sympathisant avec la pensée du roi, se montrèrent contraires aux violences et aux cruautés. Que deviennent, devant ces simples observations, les accusations des ennemis de la foi, et comment les dragonnades des Cévennes peuvent-elles servir d'argument contre l'Eglise ?

Voilà donc trois faits, trois crimes politiques, si l'on veut, dont les protestants rendent l'Eglise responsable depuis trois cents ans ! Qu'il avait raison, le bienheureux François de Sales, à la vue de tant de calomnies dont les hérétiques, dès le temps où il vivait, chargeaient l'Eglise catholique, de la comparer à la chaste Suzanne faussement accusée par ceux qui se donnaient pour les juges incorruptibles d'Israël ! Cette sainte femme, traînée au pilori, était forte de son innocence et disait:

« Dieu éternel qui connaissez toutes choses, vous savez qu'ils portent contre moi un faux témoignage et que je n'ai rien fait de ce qu’ils ont si méchamment inventé contre moi. » Alors Dieu enflamma dans son esprit de vérité le cœur du jeune Daniel, qui s'écria au milieu du peuple: « Etes-vous donc insensés d'avoir ainsi, sans juger et sans connaître la vérité, condamné une fille d'Israël ?
«  Et le peuple rendit justice à l'innocence et à la sainteté de la chaste Suzanne.
 

 

Chapitre 8 : Les martyrs protestants.
 

Le protestantisme a-t-il des martyrs? Il le croit, et il se trompe.

Un martyr est un homme qui donne sa vie pour demeurer fidèle à la foi de Jésus-Christ. Il meurt, non pour des opinions personnelles, mais pour la doctrine de l'Eglise de Dieu ; il n'est pas entêté, il est fidèle. Tout chrétien qui est mis à mort, en haine de la foi, est donc un martyr.

Les quelques protestants qui ont été tués à cause de leurs opinions religieuses ont-ils été martyrs ? Non, parce qu'ils ont sacrifié leur vie à des idées personnelles, à des convictions purement humaines, préférant leur esprit propre à la vie elle-même; cette mort est l'acte suprême de l'orgueil, tandis que le martyre véritable est l'acte suprême de l'humble soumission et du détachement de soi- même. Il ne suffit pas d'être tué pour être martyr. Il faut être tué pour la vérité dont l'honneur exige parfois le sacrifice même du sang.

Le caractère de tous les prétendus martyrs des sectes réformées est avant tout le fanatisme, l'exaltation, la fureur, ce qui est le propre de l'orgueil : les vrais martyrs, au contraire, ceux que la sainte Eglise donne à Jésus-Christ depuis saint Etienne, jusqu'à nos missionnaires et à nos héros d'aujourd'hui, meurent tous dans la paix de Dieu, doux et humbles comme d'innocentes victimes, pardonnant avec amour à leurs bourreaux, et dignes de Jésus en leur mort comme en leur vie.

L’Eglise catholique seule enfante des martyrs comme seule elle enfante des saints.
 
 


Un exemple de la modération protestante.
 

Par une tactique qui dénote plus d'habileté que de bonne foi, on voit certains ministres se plaindre sans cesse dans leurs journaux, dans leurs documents officieux et officiels, de la violence des écrivains catholiques ; en revanche, ils ne se lassent pas de vanter la douceur et la modération de leur attitude vis-à-vis de l’Eglise.

A cette accusation comme à cette prétention, il y a trois choses à répondre :

1. Ce que les protestants appellent de la violence chez les écrivains catholiques n'est que le zèle ardent de la vérité, ce zèle qui dévorait Notre-Seigneur Jésus-Christ lui-même, lorsqu'il chassait les vendeurs du Temple et lorsqu'il prononçait contre les pharisiens et les scribes ses foudroyants anathèmes.

2. Les catholiques n'attaquent pas le protestantisme, mais SE DEFENDENT contre les attaques des protestants. Le protestantisme est une insurrection essentiellement injuste contre la Vérité et contre l'Eglise, et les enfants de l'Eglise et de la Vérité ne le combattent jamais que pour repousser son agression et conserver leur foi.

3. Enfin, il en est de cette modération des protestants dans leur polémique comme de leur tolérance. Elle n'existe pas, et nous pouvons hardiment rejeter l'accusation qu'ils portent contre nous. En voici une preuve qui a un caractère général, à cause de la publicité qui l'environne, publicité à laquelle ont concouru les presses protestante et socialiste réunies.

Il est un livre que les journaux protestants des principales sectes de France, le Lien, l’Espérance, les Archives, ont annoncé avec un égal empressement, au nombre de leurs livres de propagande les plus recommandés, un livre qui se vend dans les librairies protestantes de Paris, où je me le suis moi-même procuré. Ce livre est l'ancien ouvrage nouvellement réédité du luthérien Marnix de Sainte-Aldegonde, avec préface de M. Quinet.

J'ouvre ce livre contre lequel aucun des organes du protestantisme n'a écrit une ligne de blâme, qu'ils ont au contraire annoncé tous sans restrictions et sans réserves, et voici ce que j'y trouve :

Dans la préface, je lis les phrases suivantes :

« Il s'agit ici non-seulement de réfuter le papisme, mais de d’extirper; non-seulement de l'extirper, mais de le déshonorer; non-seulement de le déshonorer, mais... DE L’ETOUFFER DANS LA BOUE. » P. 7. «  Il faut que le catholicisme tombe. »

« Celui qui entreprend de déraciner une superstition caduque et malfaisante (le catholicisme)... s'il possède l'autorité, doit avant tout éloigner cette superstition des yeux des peuples et en rendre* l'exercice absolument et matériellement impossible, en même temps qu'il ôte toute espérance de la voir renaître. » P. 31.

« Le despotisme religieux (c'est-à-dire la religion catholique) ne peut être extirpé sans que l'on sorte de la légalité... Aveugle, il appelle contre soi la force aveugle. » P. 37.

« Non, point de trêve avec L’INJUSTE. » P.42.

« Le principe que toutes les religions sont égales est le contraire de toute philosophie,
de tonte science, de toute histoire... Il y a UNE religion qui se glorifie d'être incompatible avec les libertés modernes ; si la révolution française avait clairement vu cette différence, elle aurait pu, en concentrant ses forces, ses inimitiés, ses décisions, éliminer ce culte qui exclut la civilisation moderne. Mais... ELLE A MANQUÉ D' AUDACE... et le culte (catholique) qu'elle avait mission d'abattre est sorti de ses mains plus entier, plus indompté que jamais. Ne refaisons pas la même faute ! » P. 57 et suivantes.

C'est parler sans déguisement, et au moins nous savons à quoi nous en tenir sur la conduite que tiendrait envers l'Eglise chrétienne le protestantisme triomphant ! Devant ces violences ouvertes, ces excitations publiques à la haine et à la destruction de la religion, qui oserait trouver mal que nous autres chrétiens nous nous levassions pour défendre notre foi et notre vie ?

Du reste, il ne faut pas s'étonner outre mesure de cette incroyable provocation à la persécution et à l'anéantissement de l’Eglise par le fer et le feu. M. Quinet ne fait en cela que répéter, avec un accent affaibli, les déclamations sanguinaires des fondateurs du protestantisme, et ce qu'il dit aujourd'hui,
Luther et Calvin le disaient et l'écrivaient, il y a trois cents ans, avec un emportement de fureur que les révolutionnaires de nos jours n'ont peut-être jamais égalé.

« Il n’a jamais été proféré dans aucune langue, dit M. Auguste Nicolas dans son beau livre Du Protestantisme, rien qui approche de la sanguinaire violence des écrits de Luther. Son livre intitulé : La Papauté de Rome instituée par le Diable, est une tache qui souillera éternellement, non-seulement la littérature allemande, mais encore les annales du genre humain. « Le Pape (j’hésite à transcrire ces lignes affreuses), le Pape est le diable. Si je pouvais tuer le diable, pourquoi ne le ferais-je pas au péril de ma vie ? Le Pape est un loup enragé contre lequel tout le monde doit s’armer sans attendre même l’ordre des magistrats ; en cette matière il ne peut y voir lieu de se repentir, si ce n’est de n’avoir pu lui enfoncer l’épée dans la poitrine… Il faudrait, quand le Pape est convaincu par l’Evangile, que tout le monde lui courût sus le tuât avec tous ceux qui sont avec lui, empereurs, rois, princes et seigneurs, sans égards pour eux. Oui, nous devrions tomber sur eux, avec toutes sortes d’armes, et nous laver les mains dans leur sang…Les monarques, les princes et les seigneurs qui font partie de la tourbe de la Sodome romaine doivent être attaqués avec toutes sortes d’armes ; et il faut se laver les mains dans leur sang… » (T. XII, f. 233, sq. T. I, f. 51, a. T.IX, f. 24,b, éd. Witt. cit.)

« Que dirai-je de Calvin, qui avait à chaque instant au bout de la plume les épithètes de fripons, ivrognes, fous furieux, enragés, bêtes, taureaux, porcs, ânes, chiens, de Calvin qui a tracé ces lignes déjà citées : « Quant aux Jésuites, qui nous sont surtout contraires, il faut les tuer, ou si cela ne se peut commodément faire, les chasser, ou tout au moins les écraser sous les mensonges et les calomnies. » « Jesuite vero, qui se maxime nobis opponunt, aut necandi, aut, si hoc commode fieri non potest, ejiciendi, aut cerle mendaciis et calumniis opprimendi sunt 1. »

On le voit, c’est ce que M. Quinet conseille par ces paroles, presque identiques, que nous venons de citer : « Il faut extirper le papisme, le déshonorer et l’étouffer dans la boue ; » et l’on comprend, après ces effroyables déclamations de Luther et de Calvin, les sympathies des révolutionnaires de nos jours pour le protestantisme ; mais ce qu’on ne comprend pas, c’est que des journaux protestants, qui se disent modérés, aient annoncé et que des librairies protestantes aient mis en vente le livre de Marnix et sa préface !

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1. Du Protestantisme, par Auguste Nicolas, p. 469 et 470.
Quant à ce livre de Marnix, il est rempli de telles obscénités, d’infamies si révoltantes, qu’à défaut d’indignation chrétienne, le respect de mes lecteurs et de moi-même m’empêcherait de les citer. J’avais d’abord tenté de le faire, mais j’ai dû renoncer à cette besogne repoussante. Il y a des blasphèmes qu’il n’est pas permis à un chrétien de répéter, même pour inspirer l’horreur. Et cependant, voilà un livre protestant, réédité en Belgique, après trois siècles, par une souscription nationale de protestants, d’incrédules et de francs-maçons, qui s’est vendu (s’il ne se vend encore) en plein soleil, à Paris, dans un pays catholique !

Maintenant, que les protestants s’étonnent encore de l’indignation généreuse des catholiques ; qu’ils se plaignent de l’ardeur avec laquelle les enfants de la sainte Eglise ressentent et repoussent les injures qu’on prodigue à leur mère ; qu’ils se vantent encore, s’ils l’osent, de leur douceur et de leur modération!

« Ces modérés-là, me disait un  jour fort spirituellement un abbé italien, sont des gens d’une rage infinie. » Questi moderati sono gente DI RABBIA INFINITA.


Des prétendues persécutions dont les protestants se disent les victimes.

De même qu’une des habitudes des protestants est de persécuter là où ils sont la majorité, une de leur manie est de crier qu’on les persécute là où ils sont minorité. C’est ainsi qu’à en croire un grand nombre d’entre eux, ils sont, de nos jours, persécutés en France : prétention si étrange qu’avant de la réfuter il est nécessaire de la bien établir.

Je n’irai pas loin pour trouver cette preuve. Voici ce qu’osait dire publiquement dans une des grandes salles de Queen-Street, à Edimbourg, au mois d’avril 1837, un pasteur protestant de Limoges, M. Le Savoureux :

« J’ai de bonnes nouvelles à vous donner de la mère patrie (la France). La lumière si faible de l’Evangile y fait des progrès. Nos pères avaient laissé éteindre le protestantisme, malgré les luttes de nos bons huguenots, mais les anciennes Eglises nationales se réveillent. Les nations comme la France, l’Espagne, etc., sous la domination de Rome, sont des nations mortes (merci du compliment !). Le romanisme est ennemi du bien moral. La commune de Villefavard est devenue protestante ; nous avons balayé les Saints de toute l’Eglise (merci de la modération !). Nous avons établi dix écoles dans le département de l’Allier, et avec de l’argent, nous serions devenus protestants en majorité (merci de l’aveu !). Mais, depuis le coup d’Etat, il s’est trouvé un homme, Napoléon, qui se rallia aux idées catholiques, qui ferma nos écoles, nous traduisit devant les tribunaux. Nous sommes maintenant cachés dans les forêts !!!  Néanmoins le progrès continue. A Limoges, l’œuvre a été arrêté par un chemin de fer ! Et si nous eussions été Romains, l’administration ne nous eût pas inquiétés ! » Et le ministre limousin termine en demandant à Dieu la liberté !

Les correspondances françaises du journal anglais et protestant Times font de la situation où gémissent les protestants de France un tableau plus sombre encore. Ce sont de pauvres pasteurs injustement mis en prison, des temples, des écoles, aussi injustement fermés : « Oui, s’écrient douloureusement ces correspondances véridiques, on a vu des populations entières obligées, comme leurs pères, de se réfugier dans les forêts pour se livrer aux exercices de leur culte. Afin d’échapper aux poursuites de la police, elles avaient des éclaireurs chargés d’avertir l’assemblée de l’approche des gendarmes. Les chants étaient abrégés de temps en temps, l’on interrompait les prières ou le prêche, et lorsque les officiers de justice arrivaient, ils ne trouvaient plus que des hommes, de femmes et des enfants recueillant des glands (sic) ou s’amusant à grimper aux arbres ! 1 »

On sait que ces assertions burlesques ont été répétées avec tant de persévérance et d’audace que le gouvernement français, dans un article officiel du Moniteur, a dû les flétrir avec indignation et mépris. Certes, tous les protestants de France ne poussent pas jusqu’à de tels excès cette manie de se plaindre à tort et à travers dont je parlais tout à l’heure ; mais la plupart aiment à se dire et a se croire lésés dans leurs droits, gênés dans leurs mouvements, sacrifiés dans leurs intérêts, en un mot persécutés. Dans leurs écrits, dans leurs journaux, dans leurs discours, et surtout dans les bureaux du ministère, ils posent invariablement en victimes.

Quelles victimes, grand Dieu ! Plût au ciel que les catholiques d’Irlande et de Suède fussent victimes de cette façon-là ! Jamais culte ne fut plus libre et plus favorisé que n’est aujourd’hui le protestantisme en France ! Comptez leur nombre (ils étaient à peine sept cent mille sur trente-six millions de Français au dernier recensement), et celui des emplois qu’ils occupent depuis le haut jusqu’au bas de la hiérarchie des fonctionnaires de tout genre ; voyez au budget les traitements de leurs ministres comparés à ceux du clergé catholique ; regardez-les non-seulement libres chez eux, mais se livrant dans les populations catholiques à la plus active propagande, non-seulement libres de se défendre, mais libres d’attaquer ; examinez le rapport qui existe entre les temples nombreux et les écoles qu’ils possèdent déjà à Paris, et les treize mille protestants qui s’y trouvent d’après le recensement officiel ; rappelez-vous que ces écoles, qui s’ouvrent et se multiplient tous les jours avec la plus grande liberté au milieu des quartiers presque exclusivement catholiques, sont peuplées en grande partie de pauvres enfants arrachés à l’Eglise ! Rappelez-vous enfin que les œuvres de Marnix de Sainte-Aldegonde (je ne cite que ce nom-là parce qu’il dit tout) se vendent sans obstacles dans leurs librairies !... Et puis, la main sur la conscience, dites-moi, lecteur, s’ils ont le droit de se dire persécutés en France, et si leurs plaintes ne sont pas la plus méchante et en même temps la plus maladroite des ingratitudes !
 


Comment les protestants se conduisent à l'égard de la Mère de Dieu.

C'est une singulière manière d'honorer un fils que de mépriser et de détester sa mère. Or, la Sainte Vierge est la Mère de Jésus-Christ, et les sectes protestantes s'accordent pour la rejeter avec un dédain qui va souvent jusqu'à la colère.

Cette conduite est odieuse, et rien, même dans les principes protestants, ne la peut excuser. Marie est la Mère de Jésus ; or, Jésus est Dieu, donc Marie est la Mère de Dieu. N'est-il pas étrange que des hommes qui se disent chrétiens, refusent d'honorer la Mère du Dieu des chrétiens, celle qui a donné ce DIEU-Sauveur ? N'est-il pas étrange que des sujets qui se disent fidèlement dévoués à leur Souverain, refusent à sa Mère le respect et l'honneur ?

Lorsque l'ange apparut à la Vierge Marie pour obtenir son consentement au grand mystère de l'Incarnation, il lui dit avec un respectueux amour : «  Je vous salue, ô pleine de grâce! vous êtes la femmes bénie entre toutes les femmes. » Les catholiques imitant l'ange bon et fidèle qui honore la Mère de son Dieu, les protestants préfèrent imiter l'ange infidèle et menteur, celui dont il a été dit dès l'origine : « Je poserai des inimitiés entre la FEMME et toi », celui dont Marie doit écraser la tète : « Et ipsa conteret caput tuum. »
 

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1. Times, 5 Janvier 1858.

Lorsque la sainte Vierge, portant en elle le Rédempteur du monde, se présenta devant Elisabeth, celle-ci fut remplie du Saint-Esprit, et s'écria dans un divin transport : « D'où me vient cet honneur que la Mère de mon Dieu daigne venir jusqu'à moi ? Vous êtes bénie entre toutes les femmes, et le fruit de vos entrailles est béni ! » Catholiques, nous suivons l'exemple de sainte Elisabeth, et, sous l'impulsion du même Esprit de vérité, nous aimons à témoignera Marie notre reconnaissance, notre vénération, notre amour. Les sectes protestantes imitent les habitants insensés de Bethléem, qui attendaient la venue du Messie, mais refusaient de recevoir Marie, ignorant que c'est elle, elle seule qui apporte Jésus.

Lorsque Marie répondit aux hommages d'Elisabeth par le sublime cantique d« son triomphe : « Toutes les générations s'écrie-t-elle, me proclameront bienheureuse, car c'est en moi que Celui qui est puissant a fait sa grande œuvre ! » Quelles sont les générations qui réalisant cette prophétie, cette parole de la Bible, donnent à Marie le nom de bienheureuse ? Sont-ce les générations catholiques qui, dans les chapelles cachées des catacombes, comme dans les splendides basiliques dédiées à Notre-Dame, exaltent le nom et la gloire de Marie ? ou sont-ce les générations protestantes qui n'ont pour la sainte Vierge ni respect ni louanges, et qui croient lui faire trop d'honneur lorsqu'elles ne l’insultent pas?

A ces passages de l'Écriture, si clairs, si glorieux pour Marie, les protestants opposent quelques paroles de Notre-Seigneur à sa Mère, paroles mystérieuses dont ils ne comprennent pas les profondeurs, et qui n'ont d'autre but que de faire participer Marie aux anéantissements de la Rédemption, comme elle avait participé dans l'origine aux joies et aux gloires de l'Incarnation 1. Si ces paroles avaient le sens que leur prêtent les hérétiques, il faudrait en conclure que Jésus n'a point aimé sa Mère, qu'il ne l'a point honorée, qu'il a été un mauvais fils, qu'il a violé le quatrième commandement de sa loi : « Tu honoreras ton père et ta mère. » Qui prouve trop ne prouve rien.

Après son Père céleste, Notre-Seigneur n'a rien tant aimé que sa Mère. Outre qu'elle est sa Mère, elle est la plus humble, la plus pure, la plus sainte de toutes les créatures; à ce double titre Jésus aime Marie d'un amour unique. En aimant et respectant Marie, nous nous conformons aux sentiments de Jésus, et nous accomplissons ainsi, quoique bien imparfaitement encore, la grande règle tracée par l'apôtre saint Paul : Hoc sentite in vobis quod et in Christo Jesu. « Aimez ce que le Seigneur Jésus a aimé. »

Si nous invoquons la sainte Vierge dans nos besoins, c'est que nous savons que Marie est puissante sur le cœur de son Fils, et que le premier miracle du Christ a été accompli à la prière de sa Mère.

De même que le Père nous a donné Jésus par Marie, de même veut-il que tous les dons de Jésus nous arrivent par la même voie. Ce n'est point que Marie soit notre Médiatrice de Rédemption, Notre-Seigneur Jésus-Christ seul nous a sauvés et rachetés ; mais elle est médiatrice d'intercession et de tendresse, elle est notre avocate, notre mère d'adoption. Nous lui demandons sa protection auprès du bon Dieu, comme l'enfant recourt à sa mère pour obtenir plus facilement du père l'accomplissement de ses désirs.

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1. Il est aussi des protestants qui, toujours poussés par cette haine vraiment diabolique contre Marie, ont attaqué sa virginité perpétuelle, se fondant entre autres sur un passage de l'Évangile où il est parlé des frères du Seigneur. Ignorent-ils, qu'en Orient, de nos jours encore, on appelle du nom de frères tous les proches parents ? Les langues orientales n'ont point de termes pour exprimer la qualité de cousin ; et dans la Bible, entre autres exemples, on voit Abraham dire à son neveu Loth : « Qu'il n'y ait point de querelles entre nous, car nous sommes frères (fratres enim sumus, Genèse 13, 8) Saint Jacques, appelé quelquefois dans l'Ecriture frère du Seigneur, était son cousin germain.

Le dogme de la virginité perpétuelle de Marie est confirmé par tous les monuments des temps apostoliques; il faut manquer de sens chrétien, de pudeur chrétienne, pour oser le révoquer en doute.
Du reste, le culte des chrétiens envers la sainte Vierge va droit à Jésus-Christ, et c'est le Fils qui est honoré dans la Mère. Si nous aimons et louons Marie, c'est pour la féliciter d'être la Mère de Jésus, c'est pour la remercier de nous l'avoir donné. Le culte d'honneur que nous rendons à Marie est la sauvegarde du culte d'adoration que l'on doit rendre à Jésus; ce qui se passe sous nos yeux en est une preuve frappante. C'est l'Eglise catholique, elle que l'on accusait d'oublier Jésus pour Marie, le Créateur pour la créature, c'est l'Eglise catholique qui conserve seule et défend, contre l'incrédulité protestante, la divinité de cet unique Médiateur, de l'honneur duquel l'hérésie se montrait si pharisaïquement jalouse et qu'elle renie tous les jours davantage 1.
 
 


Combien le protestantisme est désolant.

Le cœur humain et l’Eglise catholique ont un seul et même auteur qui est le bon DIEU et Dieu a fait l'Eglise merveilleusement appropriée à tous les besoins du cœur humain.

Son autorité doctrinale répond à notre besoin de croire, parce que sans l'autorité il n'y a pas de foi ; les cérémonies de son culte répondent à notre nature, qui est composée d'un corps et d'une âme, et qui a besoin d'associer les choses matérielles à l'acte tout spirituel de ses adorations ; la confession répond à ce besoin de pénitence et de pardon, qui est au fond de notre âme pécheresse ; l'invocation des saints, les prières pour les morts, au sentiment de l'union éternelle des âmes en Dieu et de la solidarité des hommes entre eux; et ainsi de suite de tous les dogmes, de tous les préceptes, de toutes les pratiques de l'Eglise.

Dans le protestantisme, au contraire, tout est froid, triste et nu comme les murs de ses temples, où l'on sent l'absence de Dieu.

Malheur à l'âme égarée ou viciée qui, semblable à l’enfant prodigue de l'Evangile, abandonne la maison paternelle pour les régions désertes et lointaines de l'erreur ; sortie de l'atmosphère vivifiante où Dieu l'avait si miséricordieusement fait naître, elle ne respire plus qu'un air glacé, elle ne trouve que le vide et la désolation.

Pour celui qui s'est fait protestant, plus de frein au moment de la passion, mais aussi plus de consolation au moment du repentir ; plus de guide au moment du doute, plus de secours au moment de la tentation et de la lutte, plus de pardon assuré après la faute, plus de confesseur qui le console et qui pardonne de la part de Dieu. Pour ce pauvre apostat, plus de belles cérémonies à l'Eglise plus d'images de Notre- Seigneur, de la sainte Vierge et des Saints : c'est de l’idolâtrie ! Plus de crucifix, plus de signe de croix : idolâtrie ! Plus de prières, de respect ni d'amour pour la Mère de Dieu: idolâtrie ! Plus de confiance en l'intercession des Saints, plus de patrons de protecteurs dans le ciel ; idolâtrie !

Et quand arrive l'heure de la mort, quand le malheureux est seul, près de paraître devant Dieu avec tous les péchés de sa vie, pas de prêtre qui lui donne les derniers sacrements de l'Eglise, et qui lui dise avec certitude : « Pauvre pécheur, tu peux mourir en paix, car Jésus m'a donné le pouvoir de te pardonner, et je te pardonne en son nom."

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1. Pour tout ce qui concerne la sainte Vierge et son culte, je recommande la lecture du bel ouvrage de M. Aug. Nicolas, intitulé : Etudes philosophiques sur la sainte Vierge.- — La vierge Marie et le Plan divin. — La Vierge Marie dans l’Evangile. — La Vierge Marie vivant dans l’Eglise. Toutes les difficultés protestantes y sont résolues de la façon la plus péremptoire. « Après la lecture de votre ouvrage, disait à M. Nicolas un savant magistrat, on ne peut plus rester protestant à aucun degré. »
Ce n'est pas tout. Après la mort de l'apostat, son corps ne sera point porté à l'Eglise ; il sera conduit tout droit dans le cimetière qui n'est pas bénit, car pour le protestant toute bénédiction de ce genre est encore une idolâtrie ; enfin, si ses enfants sont devenus protestants comme lui, il leur sera défendu de prier pour leur père ; car le protestantisme n'admet ni purgatoire, ni prières pour les morts. Non, pas une prière, dans ce culte désolant, pour les pauvres morts, pas de visite pieuse à leur dernière demeure ; des larmes impuissantes et stériles au moment où tombe la dernière pelletée de terre, et tout est fini entre eux et nous !

Pour moi, je l'avoue, cette considération seule suffirait à me démontrer la fausseté absolue du protestantisme. Le besoin de prier pour ceux qu'on a aimés et perdus est si profond, si impérieux, si naturel au cœur de l'homme, qu'une religion qui nie ce besoin et qui en interdit la satisfaction est jugée d'avance ; et elle exprimait le sentiment universel, cette pauvre petite fille de dix ans qui, ayant vu mourir sa mère, me disait à moi-même avec une admirable énergie : «  Quand je serai grande et maîtresse de mes actions je me ferai catholique ; car je veux être d'une religion qui me permette d'aimer la sainte Vierge et de prier pour ma mère ! »
 
 
 


Le jugement et la mort.
 

On a dit de la mort qu'elle est l'écho de la vie. Le moment de la mort est un moment solennel où les sophismes perdent leurs forces, où les illusions se dissipent, où la conscience revendique ses droits. Dans le procès que les sectes protestantes intentent à l'Eglise, appelons-en à ce jugement d'une autorité suprême, au jugement de la mort.

Il y a des protestants qui se sont faits catholiques ; il y a des catholiques qui se sont faits protestants: regardons-les mourir les uns et les autres.

Devant la mort comme pendant la vie, les innombrables protestants rentrés dans le sein de l'Eglise sont pleins d'espérance et de sérénité ; pas un regret ne leur échappe, pas un remord ne les agite, pas un doute ne trouble leurs derniers moments ; ils croient, ils aiment, ils prient et ils rendent leur âme à Dieu, en le remerciant de les avoir faits catholiques ! Nous défions le protestantisme de citer un seul fait contraire à cette affirmation.

Tous ces docteurs, tous ces ministres, tous ces hommes instruits et courageux qui, élevés dans le sein du protestantisme, et le connaissant à fond pour l'avoir pratiqué, l'ont abandonné pour se faire catholiques, meurent sans exception comme cet illustre comte de Stolberg, un des plus célèbres d'entre eux, qui expira plein de joie et d'amour de Dieu, bénissant le Seigneur de lui avoir fait connaître sa véritable Eglise, recommandant à ses enfants de prier pour les morts, et de demeurer fermes dans la religion catholique. Après avoir humblement reçu les derniers sacrements, il mourut en répétant avec une joie toute céleste : « Loué soit Jésus-Christ! »

Combien est différente la mort de la plupart des apostats, pour ne pas dire de tous ! Et quand ils n’ont pas perdu tout sentiment de foi en Dieu et en l'âme immortelle, quand ils ne se sont pas endurcis jusqu'au matérialisme et à l'athéisme, que de troubles, que de remords, que de terreurs agitent leurs derniers moments ! Ils se rappellent alors cette Eglise sainte qu'ils ont quittée. Ce monde, avec ses enivrements et ses charmes, disparait à leurs yeux épouvantés pour faire place aux pensées du jugement et de l'éternité qui s'approche ! Et s'ils croient encore à l'Ecriture sainte, ils y lisent avec terreur les paroles de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui les condamnent : «  Qu’importe à un homme de gagner le monde entier s'il vient à perdre son âme! »

La mort des fondateurs du protestantisme, tous apostats et pour la plupart prêtres apostats, confirme ces réflexions d'une façon effrayante.

Luther désespérait de son salut. Peu de temps avant sa mort, sa femme lui montrait un soir d'été les étoiles qui brillaient au firmament : « Vois donc, maître, lui disait-elle, combien ce ciel est beau ! —il ne brille pas pour nous, répondit sombrement l'hérésiarque. Est-ce, répliqua Catherine effrayée, parce que nous avons violé nos vœux ? — Peut-être, dit Luther. — S'il en était ainsi, il y faudrait revenir. — Il est trop tard ; le char est trop embourbé. » Et il coupa court à la conversation.

A Eilseben, la veille du jour où il fut frappé d'apoplexie, il disait à ses amis ; «  J'ai presque perdu le Christ dans ces grandes vagues du désespoir où je suis comme enseveli. » Et, après une pause: « Moi qui ai donné le salut à tant d'autres, je ne puis me le donner à moi-même ! J'ai cité plus haut son testament impie ; il mourut abandonné de Dieu, blasphémant jusqu'à la fin; et sa dernière parole fut une protestation d'impénitence. Son fils aine, qui doutait et de la Réforme et du réformateur, lui demanda une dernière fois s'il persévérait dans la doctrine prêchée. « Oui, » murmura le grand coupable ,— et il parut devant Dieu.

D'après le protestant Schusselburg 1… Calvin mourut de la fièvre pourpre, dévoré par une fourmilière de vers, et consumé par un abcès ulcéreux, dont l'odeur infecte ne pouvait être supportée par aucun des assistants. » Il exhala misérablement sa méchante âme, en désespérant de son salut, en invoquant les démons et en proférant les jurements les plus exécrables et les blasphèmes les plus affreux.

Jean Haren 2, disciple de Calvin, et témoin oculaire de sa mort, rapporte également que : « ….Calvin est mort dans le désespoir, d’une de ces morts honteuses et dégoûtantes dont Dieu a menacé les impies et les réprouvés… Je puis l'attester en toute vérité, ajoute-t-il, puisque je l'ai vu de mes yeux. »

Spalatin, Justus Jonas, Isinder, et bien d'autres amis de Luther et coryphées de la Réformes, périrent les uns désespérés, les autres fous.

Henri VIII mourut en disant qu'il avait perdu le ciel ; et sa digne fille, Elisabeth, expira dans des sentiments d'une désolation profonde, couchée par terre, et n'osant se mettre au lit, parce qu'au début de sa maladie, elle avait cru voir son corps tout décharné, palpitant dans un brasier de feu 3.

En présence de ces morts épouvantables, et devant, la pensée dé l'éternité, puissent nos pauvres frères catholiques qui seraient tentés d'abandonner la foi de l'Eglise pour se mettre à la suite de ces infortunés, se rappeler qu'un jour viendra où ils devront, eux aussi, se préparer à paraître devant Dieu ! Puissent-ils penser à la mort, au jugement, à l'enfer, et je leur affirme qu'ils ne se feront pas protestants.

Que ceux pourtant qui ont été assez malheureux pour céder à la tentation et renier leur foi ne désespèrent pas de la miséricorde divine, et qu'ils écoutent l'histoire parfaitement véridique de la mort d'un apostat, plus coupable certainement qu'ils ne le seront jamais.
 

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1. Théol. Calvin., t. II, p. 72.
2. J. Harenius, De vita Calvini
3. Voir l’Histoirè d'Angleterre, de Lingard t. VIII, c. 8, et les Lettres de Milner, lettre 8, p. 246 et suivantes.

Dans un pays limitrophe du nord de l'Allemagne vivait un prêtre oublieux des devoirs de son saint état. A force de tomber de désordres en désordres, il en vint à un tel excès qu'il renonça à sa foi et s'enfuit de sa patrie pour se faire protestant : il accepta une place de pasteur, et ainsi de prédicateur de la vérité il devint un maître d'erreur. Cet état d'inimitié avec Dieu dura pour ce malheureux plusieurs années. Un jour il fut invité à diner par un prédicateur d'une grande ville, qui réunissait à sa table plusieurs autres pasteurs du voisinage. Tandis qu'ils s'y livraient ensemble à la gaieté, on vint dire au pasteur maître de la maison qu'un pauvre homme était sur le point de mourir, qui paraissait avoir bien besoin de secours spirituels. Je ne sais quel empêchement s'opposa à ce que fût ce pasteur lui-même qui se rendit auprès du malade, et notre apostat s'offrit en conséquence pour aller le remplacer dans ce ministère. Son offre fut acceptée. On l'introduisit bientôt dans une chambre où gisait un vieillard qui allait rendre son dernier soupir avec le désespoir dans son cœur, le pasteur lui lut quelques mots d'un passage de la Bible ; mais le moribond lui dit pour toute réponse : « Je suis perdu ; il n'y a plus de pardon pour moi ; malheur à moi, je suis damné ! »

Le pasteur cherchait à le rassurer et l'exhortait à prendre confiance. «  Non, non, reprit l'autre, personne ne peut me prêter secours, je ne puis aller au Ciel, mon péché est trop énorme, il faut que je soit damné. Mais, pour l’amour de Dieu, pourquoi donc ? De quoi vous sentez vous ainsi le cœur chargé ? » Et le moribond ne lui répondait que par les mêmes paroles de désespoir.

Enfin  il se rendit aux vives instances du pasteur et ajouta : «  Ce qui fait qu’il n’y a pour moi ni salut ni paradis, c’est que je suis un prêtre apostat ; et tous les péchés que j’ai ajoutés à celui là, et toutes mes résistances aux sollicitations de la grâce, et toutes les miséricordes divines que j’ai repoussées… Hélas ! ma faute est trop grande pour que je puisse en trouver le pardon ; je suis perdu ; je ne puis être aidé par personne ! »

Une pareille révélation jeta le trouble dans le cœur du pasteur, qui y voyait le tableau fidèle de l’état de sa pauvre âme ; en ce moment, l’antique croyance se représenta à sa pensée avec la conscience qu’il avait du pouvoir divin et inamissible accordé au prêtre dans le sacrement de l’Ordre. Il dit d’une voix émue au moribond : « Cher frère, je puis vous aider comme il est vrai qu’il y a un Dieu ; je puis vous secourir !... Je suis moi-même un prêtre catholique, je vous l’assure ; comme vous hélas ! je suis un renégat, un excommunié ; mais, avec mon pouvoir sacerdotal, je puis rouvrir le Ciel à un mourant.

Ce fut alors pour le pauvre moribond comme si un ange était venu du Ciel pour lui rendre l'espérance et le salut. Vaincu par l’infinie miséricorde de son Dieu, qui, à la dernière heure de sa vie, lui offrait encore le pardon, et avec le pardon le retour de ses faveurs et l'assurance au salut, il fit dans les sentiments de la plus vive douleur et du plus sincère repentir, la confession de ses péchés, en obtint l'absolution et mourut dans la paix du Seigneur. Ce triomphe de l'amour divin, qui veut le salut de tous les hommes et recherche les plus grands pécheurs jusqu'à leur dernier soupir, frappa tellement celui qui en avait été l'instrument, et son cœur fut tout à coup si changé par la toute-puissance de la grâce, que dès ce moment-là il résolut de se convertir. De retour auprès de ses compagnons, qui n'étaient pas encore séparés, il leur parla ainsi : «  Adieu, messieurs ; je rentre dans le sein de l'Église catholique que j'ai abandonnée avec tant de perfidie. Je viens de voir combien le moment de la mort est horrible pour un apostat. Je me suis retrouvé prêtre et j'ai servi d'instrument à la miséricorde de Dieu ; et voici que cette miséricorde infinie m'appelle moi-même à la pénitence, à la réconciliation et au salut. »

[les deux derniers chapitres ne sont pas reproduits ici]

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